Rapport à F. Hollande, Président de la République Française
86 4. QUE PEUT-ON RETENIR ? La commission retient l’impossible consensus entre les partisans de l’euthanasie et ceux qui s’y opposent. La religion a été quasiment absente des débats, alors que les courants associatifs partisans se sont largement exprimés. La réflexion s’est constituée à partir de nombreux témoignages personnels, la plupart plutôt accablants, mais aussi de nombreux témoignages d’accompagnements riches et relativement sereins. Ce qui est partagé par toutes et tous durant les débats publics : La plainte quasi obsessionnelle et constante de l’insuffisance de l’écoute des médecins à ce moment de la fin de vie, en dehors des unités de soins palliatifs, bien que même dans ces unités, certains expriment le reproche que la demande d’euthanasie peut en venir à être inentendable. Un corps médical avec qui il est si difficile de parler de la fin de sa vie. L’ignorance générale de la loi Leonetti par les citoyens et les soignants et plus encore la mauvaise connaissance de son application générale ou partielle. La hantise d’un basculement dans des situations de fin de vie insupportables. Le souhait de ne pas souffrir ou de ne pas être abandonné. L’angoisse croissante de la mise en avant de critères économiques pour la prise de décision médicale. Les soins palliatifs, perçus comme une réponse adaptée, mais vécus comme une alternative insuffisamment connue et suscitant des doutes sur leur mise en œuvre concrète et sur leur capacité à soulager les souffrances. La faiblesse de l’offre et la difficulté d’accès aux soins palliatifs, mobiles, fixes ou à domicile. Les soins palliatifs vus comme un hébergement de la fin de vie, donc angoissants pour des malades ignorant leur condition réelle et synonymes, du fait d’une dichotomie entre soins curatifs et palliatifs, de rupture de tout espoir. L’inquiétude du malade d’être dépossédé de son corps et de ses capacités de choix à ce moment, avec la revendication d’être considéré encore comme un être « pensant ». L’inégalité d’accès à l’information médicale, aux conditions du bien-mourir, dépendant plus de l’attitude des médecins que du choix des citoyens. Le sentiment réitéré que les médecins sont mal formés à cette communication. La faiblesse des structures d’accompagnement. L’inégalité entre les maisons de retraite dans leur coût de prise en charge. L’extrême inégalité sociale qui s’exprime à ce moment-là. Le non-respect de la collégialité telle qu’elle est prévue par la loi. L’inquiétude d’une euthanasie clandestine sans demande. Les partisans de l’euthanasie tiennent un discours répétitif, fondé sur la revendication de : la liberté inaliénable à exprimer des choix personnels : « c’est mon choix », « c’est mon corps ».
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