Rapport à F. Hollande, Président de la République Française
79 revanche active pour promouvoir des lois semblables à celle de l’Oregon dans les autres Etats des Etats-Unis. Les résistances exprimées chez les médecins sont nombreuses. Au point que certains analystes en viennent à imaginer une procédure spécifique pour la prescription du produit létal, avec un mécanisme indépendant du médecin traitant. L’absence quasi-totale des médecins prescripteurs au moment de l’ingestion a paru à la commission souligner une hésitation certaine du corps médical (même si l’argument « manque de temps disponible » est régulièrement invoqué), y compris de la part de ceux des médecins qui acceptent de prescrire. Il convient de redire ici le net développement d’une culture palliative consécutif à cette loi sur le suicide assisté. L’association Compassion and Choices of Oregon prend en charge aujourd’hui une très grande majorité des décès assistés – les données fournies sur plusieurs années montrent une présence de l’ordre de 75 à 80%, mais les données les plus récentes montrent une nette croissance de ce chiffre et la commission a été informée oralement, par les représentants de l’association, d’une estimation de plus de 90%. Aucune communication publique n’est permise, ni par voie médiatique ni par toute autre voie. Tout se passe dans la sphère privée. sans communication, mais avec l’assistance quasi exclusive de l’association. Il existe quelques travaux de recherche – la commission en a eu une large connaissance – mais il faut observer la très forte diminution des publications depuis quelques années, et plus encore l’absence totale d’ouvrages académiques et de livres de témoignage – pour être précis, la commission n’a pu avoir accès à de tels ouvrages malgré ses demandes réitérées. Au total, il appert que ces suicides assistés sont de très loin motivés par une volonté farouche d’autonomie et d’exercice de la liberté individuelle : C’est une caractéristique culturelle particulièrement marquée des personnes concernées. Peu, voire pas, de personnes concernées sont des personnes socialement vulnérables, beaucoup, si ce n’est toutes, ont un niveau d’études élevé et ont occupé des fonctions dirigeantes. C’est au demeurant cette volonté très ancrée de pouvoir exercer son autonomie qui conduit les partisans du suicide assisté – du moins dans leur expression auprès de la commission – à refuser fermement toute forme d’euthanasie. La loi stipule qu’un médecin ne peut en aucun cas administrer lui-même le produit létal, et interdit toute forme d’injection létale par intraveineuse par un tiers. De même les interlocuteurs de la commission ont tout autant fermement souligné l’inadéquation de la procédure pour les personnes en situation d’incapacité cognitive ou corporelle. Mais pour autant, il a été réaffirmé que cet exercice ultime de l’autonomie n’est admis que dans les seules situations de fin de vie liées à une maladie grave et incurable.
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