Rapport à F. Hollande, Président de la République Française

37 Ce qui manque de façon évidente est le développement d’un véritable, travail en inter- professionnalité entre tous les acteurs – et ils sont nombreux – qui interviennent auprès des personnes en fin de vie (médecins libéraux ou hospitaliers, professionnels de santé ou du domaine médicosocial voire social, les aides à domicile…). 4. L’INSUFFISANTE FORMATION ET L’IMPOSSIBLE PARTAGE DES COMPETENCES « Un médecin : « on n’est pas formé pour parler de la mort ». » (Débat à Lyon) « Les étudiants en médecine sont pour le moment formés à garder la vie, mais pas à accepter la finitude. » (Débat à Besançon) « Il faut que la formation ne soit pas seulement dans les domaines techniques mais aussi dans l’accompagnement et l’humanisme : il faut remettre de l’humain dans la formation des professionnels. » (Débat à Montpellier) Dans les études médicales et infirmières et autres, peu ou pas de temps est accordé à l’approche, l’accompagnement et le soin des personnes en fin de vie. Malgré les recommandations renouvelées des différents rapports, malgré les revendications constantes du Collège national des enseignants pour la formation universitaire en soins palliatifs, le développement de cette formation reste bien modeste. Certes, la question de la mort et de la fin de vie a été introduite dans le premier cycle mais au sein d’un module très large. Au cours du deuxième cycle, le nombre d’heures consacrées au module « douleur, soins palliatifs, anesthésie » peut varier de 2h à 35h… Ultérieurement, il n’y a plus aucune formation en dehors des diplômes d’études spécialisés complémentaires. La majorité des unités de soins palliatifs ne sont pas habilitées comme lieu de stage validant pour le DES de médecine générale ou le DES de cancérologie. La formation continue reste elle aussi peu valorisée. Il existe un diplôme universitaire de soins palliatifs, où selon l’ONFV, les médecins représentent seulement 28% des participants. De toute façon, il n’y a aucun recensement des actions réalisées et on estime que 80% des médecins n’ont reçu aucune formation à la prise en charge de la douleur. Seuls 3 cancérologues en Ile de France sur 150 étaient formés aux soins palliatifs en 2008 et 63% des médecins déclarent n’avoir jamais reçu de formation sur les limitations de traitement. Tant que la formation des professionnels de santé à la culture palliative restera marginale, il n’y a rigoureusement rien à espérer d’un changement des pratiques en France face aux situations de fin de vie. Si un nouveau regard, heurtant les conformismes et les traditions, n’est pas porté par les pouvoirs publics, il n’y a aucune possibilité que les institutions médicales elles-mêmes proposent de leur propre chef, des changements dont elles ne mesurent pas l’importance sociale pour les citoyens.

RkJQdWJsaXNoZXIy MTc5ODk=