Rapport à F. Hollande, Président de la République Française
32 L’activisme est apparemment toujours valorisé, même s’il est excessif. C’est le paradoxe d’une revendication simultanée d’une médecine qui sauve à n’importe quel prix, et d’une médecine qui doit avec discernement ne pas sauver. Les urgentistes, le SAMU, sont dans cette situation. La société leur demande de sauver. Et il leur est donc quasiment impossible d’adopter en urgence une attitude palliative. Ils ont généralement l’impression que les images de film ou la télévision, insistant sur le caractère spectaculaire des scènes de « ressuscitation », ont bouleversé le sentiment du mourir avec cette confusion entre le virtuel (ou le fantasme) et la réalité. Ils insistent sur les différences de temporalité induites par l’attitude curative ou palliative. Ils souhaitent par exemple qu’une attitude palliative plus professionnelle leur vienne en aide dans les situations d’urgence sous la forme de structures mobiles par exemple, là où la médecine palliative souhaite que les situations d’urgences soient anticipées autant que faire se peut, l’urgence étant parfois la matérialisation de la non-anticipation… Il serait nécessaire de développer une « clinique palliative » dans les services des urgences. 2. LA CULTURE MÉDICALE PALLIATIVE 2.1. LA DISPONIBILITE DES STRUCTURES DE SOINS PALLIATIFS EN FRANCE « Il y a des disparités géographiques des soins palliatifs: dans le fin fond du pays de Brais, il n’y a aucune de chance d’avoir une prise en charge à domicile équivalente à celle du Havre, il y a des carences en offre de soins : quand on cherche une infirmière, une aide soignants, un médecin, on ne les a pas. » (Débat au Havre) Les unités de soins palliatifs en milieu hospitalier et les réseaux de soins palliatifs à domicile jouissent d’une grande estime, et les médecins, soignants et bénévoles qui y travaillent sont dans l’ensemble particulièrement respectés par l’opinion publique. La délivrance de soins palliatifs peut également se faire dans des services disposant ou non de lits identifiés à l’hôpital, ou dans des établissements médico-sociaux (EHPAD par exemple), avec l’aide d’équipes mobiles de soins palliatifs. Chacune de ces prises en charge a un financement spécifique. Selon une estimation de 2008 de l’Observatoire National de la Fin de Vie (ONFV), la population requérante en soins palliatifs s’élevait à 322 158 personnes (sur 535 451 décès de personnes plus de 19 ans). L’offre, en regard, en constant développement depuis 2007, montre l’existence de 1314 lits en unités de soins palliatifs et 5057 lits en lits identifiés, mais ces lits identifiés sont loin d’être totalement consacrés à l’activité prévue. L’IGAS notait en 2009 qu’aujourd’hui, seules 2,5% de personnes qui meurent à l’hôpital ont été identifiées dans un GHS (groupe homogène de séjour) correspondant à une prise en charge dans une unité de soins palliatifs. La situation de la grande majorité des patients qui meurent à l’hôpital n’a ainsi pas été modifiée.
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