Rapport à F. Hollande, Président de la République Française

30 « En soins palliatifs, on a tout le temps, en soins curatifs on n’a pas le temps. » (Débat à Marseille) Trop souvent, le malade mourant arrive dans le service d’accueil et d’urgence d’un hôpital en provenance d’un domicile ou d’un EHPAD dans les derniers jours de sa vie pour y mourir aux urgences dans une indifférence choquante. 8000 personnes en provenance d’EHPAD décèdent ainsi chaque année dans les heures qui suivent leur admission au service des urgences (rapport 2011 de l’ONFV). La situation du malade mourant reste trop souvent encore source de désarroi et d’interrogation pour un urgentiste peu ou mal préparé à ces problématiques. Cela pose la question :  d’une trop grande désorganisation et d’un manque d’anticipation dans la prise en charge de ces patients en amont (médecin traitant, SAMU-SMUR, sapeurs- pompiers, SOS médecins, réseaux, HAD, services hospitaliers).  de la grande fatigue et de l’angoisse de l’entourage, d’un défaut d’appropriation ou de compréhension des lois, d’un manque d’empathie parfois, de responsabilités inassumées face à la mort, par beaucoup trop de soignants désemparés ou démunis. La médecine anticipe encore trop mal les situations de mort ou a peur d’anticiper, ce qui peut aboutir à ce qu’au dernier moment, la mort soit confiée à l’urgence ou que le passage d’une médecine curative à une médecine palliative s’apparente à un abandon. Cela interroge sur les capacités et les missions des services hospitaliers d’urgence et d’hospitalisation à prendre en charge le « mourir ». Ne pourrait-on pas « bien mourir » autrement que dans un service de soins palliatifs ? Il existe une forme d’incapacité des spécialités à engager elles-mêmes la démarche palliative au sein de leurs unités. Or, le soin est un et unique : il n’y a pas de sens à le diviser en soin curatif versus soin palliatif. La visée principale des traitements au début d’une maladie grave est certes majoritairement curative mais elle comporte aussi d’emblée une nécessité d’accompagnement. Si la maladie évolue vers l’inefficacité des traitements, au fil de l’évolution de la maladie, la visée principale des traitements deviendra palliative. Il ne devrait donc exister qu’un seul soin en continu. La réflexion sur le « mourir » à l’hôpital reste largement insuffisante, alors que la loi Kouchner oblige à mener une réflexion éthique concernant l’accueil et la prise en charge des patients hospitalisés, jusqu’à la fin de la vie. Il existe trop peu de partage sur ce sujet dans les services de médecine curative. Cette carence, qui s’associe à un déficit des cultures de la réflexion palliative, ne peut continuer à trouver comme excuses le manque de moyens, de personnel, en occultant la nécessaire bienveillance que nous devons à chaque malade. Ces manques entrainent des prises de décisions de sédation, de renvoi à domicile ou de passage en soins palliatifs souvent impromptus et sans échange avec la personne malade.

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