Rapport à F. Hollande, Président de la République Française
29 Le rapport INED révèle que 75% des actes considérés comme des euthanasies ont été pratiqués sans que les patients en aient fait explicitement la demande. Cette non- communication au malade s’explique par l’inaptitude du médecin à comprendre ou à entendre dans plus de deux tiers des cas. Mais s’il est apte à entendre ou à comprendre (20% des patients dans l’étude), la communication avec lui reste insuffisante puisque 10% des arrêts de traitement, intensification de la douleur et administration de substances létales n’ont pas été discutés avec le malade, bien que celui-ci en ait été capable. Cette évolution est renforcée par la faiblesse extrême de la formation des étudiants en médecine sur ce sujet et la quasi absence de l’évaluation et de la formation continue des médecins durant leur exercice professionnel. S’agit-il de désintérêt ? Ou plutôt de manque de reconnaissance de l’institution universitaire et des organismes d’assurance maladie ? Toujours est-il que les disciplines étiquetées palliatives n’ont que peu ou pas de reconnaissance universitaire. Ceux qui choisissent cette voie s’écartent d’emblée des plus hautes reconnaissances et sont considérés par les praticiens de la médecine curative comme des « humanitaires » certes nécessaires mais dont le statut doit rester modeste. 1.2. UNE PRISE EN COMPTE DE LA DOULEUR ENCORE ALEATOIRE « La douleur n’est pas encore suffisamment prise en charge : malheureusement, on meurt encore mal. » (Débat à Besançon) Si la médecine offre aujourd’hui des possibilités très sophistiquées de traitements contre la douleur, leur maniement concret laisse à désirer. Il y a peu de cours pratiques au profit d’abondants cours théoriques de pharmacologie sur les effets secondaires. En ce domaine comme dans beaucoup d’autres, les infirmières elles-mêmes sont de moins en moins aidées par des cadres de proximité responsables de la qualité et de la sécurité des soins qui préfèrent ou qui sont sommées d’accomplir des tâches administratives dénuées de toute attention réelle, directe à la personne malade. La loi ou la règlementation hospitalière aggravent la situation en empêchant des soignants infirmiers de prescrire de leur propre chef des médications antalgiques, en urgence, la nuit par exemple, sans une prescription médicale écrite, datée et signée, le plus souvent d’un interne de garde. La méconnaissance des demandes anticipées est flagrante, comme celle du projet de soins. La souffrance psychique est peu prise en compte. 1.3. DIFFICULTE DU PASSAGE D’UNE MEDECINE CURATIVE A UNE MEDECINE PALLIATIVE « Il y a une opposition entre les soignants curatifs et soignants palliatifs, avec la volonté des soignants curatifs de toujours donner espoir que la personne va s’en sortir, et du côté des soignants palliatifs, une autre démarche. » (Débat à Strasbourg) « Le recours aux soins palliatifs entraine parfois un choc pour le patient, une rupture dans la prise en charge. » (Débat à Besançon)
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