Rapport à F. Hollande, Président de la République Française

21 d’autrui), soit est prise par autrui par compassion véritable et dans un objectif de respect de la dignité. La nécessité d’aménager la loi ne fait donc pas l’unanimité chez les personnes interrogées même si la situation actuelle n’est souvent pas jugée satisfaisante. D’une part une forte réticence s’exprime à l’égard d’une loi, par définition générale, qui ne pourrait à leurs yeux prendre en compte la multiplicité de situations toutes spécifiques. Pour cette raison il paraît à la plupart inconcevable qu’une loi puisse établir de manière générale les situations dans lesquelles l’euthanasie pourrait être réalisée, autrement dit qu’elle dicte une norme déterminant les cas où l’assistance au suicide serait possible. D’autre part, on observe surtout une grande ignorance de la situation actuelle et des changements intervenus avec la loi Leonetti. Cette ignorance a de multiples causes qui rendent difficiles des changements rapides en ce domaine : insuffisance de communication avec le corps médical, refus plus ou moins conscient de se pencher sur la question avec précision, médiatisation de cas symboliques mais rares qui nourrissent le sentiment d’une impuissance générale, ou encore chez les plus âgés le souvenir très prégnant de proches ayant connu des agonies terribles sans possibilité de soulagement il y a plusieurs dizaines d’années. Par ailleurs ces réflexions autour de la fin de vie se font, surtout chez les personnes en fin de vie, dans un cadre où la souffrance et la crainte de souffrir sont centrales. On observe en effet un vrai manque de réassurance sur la question de la souffrance et de sa prise en charge à l’heure actuelle en France, que reflète la grande ignorance de l’existence des soins palliatifs. Les personnes en fin de vie sont ainsi davantage angoissées par les souffrances qu’elles pourraient endurer que par le fait que quelqu’un décide d’abréger celles-ci sans avoir recueilli leur consentement de manière formelle. Cela ne signifie pas pour autant que les personnes entendent être dépossédées de leur choix : au contraire leur désir d’agir de manière libre jusqu’à la fin s’exprime très fortement et elles ont précisément le sentiment qu’à l’heure actuelle la loi leur interdit cet ultime droit. Que cela passe ou non par une nouvelle loi qui reconnaîtrait de manière explicite la possibilité du recours à l’euthanasie, les personnes rencontrées souhaitent avant tout que soit levée l’incertitude dans laquelle ils vivent concernant leurs derniers moments ou ceux de leurs proches et que puissent s’établir les conditions d’une anticipation des situations qu’ils pourraient avoir à vivre. Ils attendent de pouvoir décider et anticiper leur décision dans ce domaine ce que ne leur permet pas le caractère aléatoire de l’accompagnement – notamment médical – le moment venu. En l’occurrence, si certains estiment que tant que le « verrou » de l’interdiction de l’euthanasie n’aura pas sauté, les situations actuelles d’inégalité et d’hypocrisie ne pourront être modifiées, d’autres estiment en revanche que le cadre législatif actuel offre déjà les moyens de faciliter les derniers moments des personnes en fin de vie et de leurs proches et que ce cadre législatif doit être davantage expliqué et entendu dans l’espace public. Le processus de décision collégiale par exemple est une solution particulièrement soulignée par les proches qui y voient à la fois une possibilité pour eux de sortir de l’isolement et de la lourde responsabilité qui pèsent sur eux et une publicité de la décision

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