Rapport à F. Hollande, Président de la République Française

20  La demande d’euthanasie obtient des chiffres encore supérieurs, 67%, atteignant même75% chez les personnes entre 35 et 65 ans.  La demande d’arrêt de traitement susceptible de maintenir la vie est elle-aussi très forte (67%). Ceci signifie que les demandes d’arrêt de traitement qui maintiennent en vie se partagent à peu près équitablement entre euthanasie, sédation profonde et assistance au suicide. Demander au médecin que l’on accélère ou que l’on facilite la mort d’un membre de sa famille reste plus faible que de le demander pour soi (30 contre 54%). Le sentiment d’être en état de dépendance, de subir une attaque cérébrale, d’être atteint d’un cancer, ne constitue pas une situation majoritaire de demande d’euthanasie. En revanche, une paralysie sans capacité de communication avec les proches fait envisager de demander à un médecin que l’on facilite la mort. Il en est de même si le malade éprouve des douleurs insupportables ou un handicap sans espoir de guérison. En conclusion, la solution majoritaire souhaitée en cas de situation de fin de vie insupportable est d’abord la possibilité de demander à ce que le médecin vous fasse mourir (56%). 2.4.1.2. Un volet qualitatif TNS Sofres-Service d’Information du Gouvernement 9 , 20 entretiens semi-directifs auprès de personnes en fin de vie et de leurs proches dans trois établissements hospitaliers et médico-sociaux de la région parisienne. La commission remercie ici vivement ces personnes qui ont accepté cette intrusion dans leur intimité, et la direction de ces établissements. Ces entretiens, parfois éprouvants sur un sujet aussi délicat, mais riches, ont pu être l’occasion d’une libération de la parole. Ces entretiens réalisés auprès de personnes en fin de vie et de leurs proches ont montré une grande diversité des vécus, et, bien souvent, la difficulté pour les personnes de s’extraire des situations particulières qu’ils vivent pour aborder de manière plus globale la question de l’euthanasie et notamment de la légitimité du législateur à intervenir dans ce domaine. Cette unicité des expériences rend le débat éminemment complexe chez ces personnes directement concernées, plus semble-t-il qu’auprès du grand public. Les personnes rencontrées sont en effet partagées à cet égard : la fin de vie est un choix éminemment personnel, intime et elles ne souhaitent pas que la loi et, à travers elle, l’Etat interviennent et surtout décident à leur place. Cette intrusion dans une réflexion faite souvent dans un grand sentiment d’isolement et des situations pénibles est ressentie comme injustifiable et d’une rare violence. Pour autant la nécessité de l’existence de règles est évidemment comprise, notamment car le corps médical – mais aussi des proches – peuvent être parties prenantes dans cette situation. Celles-ci ne sauraient alors être inquiétées pour une décision qui, soit n’engage moralement que la personne en fin de vie (seule une aide technique est alors requise 9 RIVIERE, Emmanuel ; SALVAING Laure ; CALINE Guillaume

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