Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869

392 DIALECTIQUE TRANSCENDENTALE ment, mais il n'y a point la d'usage transcendental; et, si nous nous faisonsune idée de l'absolue totalité d'une synthèse de ce genre (duprogressus),par exemple de la série entière de tous les changementsfuturs du monde, ce n'est là qu'un être de raison1 (ens rationis), arbitrai- rement conçu et que la raison ne supposepoint nécessai- rement. En effet,pour concevoirla possibilité du condi- tionnel, il faut bien supposerla totalité de ses conditions, mais non pas de ses conséquences.Un tel concept n'est donc pas une idée transcendentale, seulechosedont nous ayons ici à nous occuper. Enfin on remarquera aussi qu'entre les idées trans- cendentales mêmes éclate une certaine harmonie, une certaine unité, et que par le moyen de ces idées la rai- son pure réduit toutes ses connaissancesen système. TI est si naturel d'aller de la connaissancede soi-même(de l'âme) à celledu monde,et de ai, moyen de celle- ci, à celle de l'Être suprême,quecette marche semble analogue au procédélogique de la raison qui va des pré- misses à la conclusion*.Y a-t-il réellement ici au fond 1 Ein Gedankending. La métaphysique n'a pour objet propre de ses recherches que trois idées, Dieu, la liberté et l'immortalité, et tel est le lien de ces trois concepts, que le premier, uni au second, doit conduire au troisième, comme à une conséquence nécessaire. Tout ce dont cette science s'oc- cupe d'ailleurs n'est pour elle qu'un moyen d'arriver à ces idées et à leur réalité. Elle n'en a pas besoin pour étudier la nature, mais pour sortir de ses limites. Si nous pouvions pénétrer ces trois objets, la théo- logie, la morale et, par l'union des deux premières, la religion, c'est-à- dire les fins les plus élevées de notre existence, ne dépendraient que de la raison spéculative et de rien autre chose. Dans une représentation systématique de ces idées l'ordre cité serait le plus convenable, comme ordre synthétique; mais dans le travail qui doit nécessairement pré- céder celui-là, l'ordre analytique, qui est l'inverse du premier, est plus conforme à notre but c'est en nous élevant de ce que l'expérience

RkJQdWJsaXNoZXIy MTc5ODk=