Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869
376 DIALECTIQUE TRANSCENDENTALE porte dans son âme comme le modèlede ses actions), mais chacunede ces idées n'en est pas moinsdéterminée immuablement et complétement dans l'intelligence su- prême elles sont les causes originaires des choses, mais seul l'ensembledes choses qu'elles relient dans le monde leur est parfaitement adéquat. A part ce qu'il peut y avoir d'exagéré dans l'expression, c'est une tentative digne de respect et qui mérite d'être imitée,que cet essor de l'esprit du philosophepour s'élever de la contempla- tion de la copieque lui offre l'ordre physique du monde à cet ordre architectonique qui se règle sur des fins, c'est-à-dire sur des idées. Mais, pour ce qui est des prin- cipes de la morale, de la législation et de la religion,où les idées rendent possible l'expérience elle-même (du bien), quoiqu'elles n'y puissent jamais être entièrement exprimées, cette tentative a un mérite tout particulier, qu'on ne méconnaît que par ce qu'on en juge d'après ces mêmes règles empiriquesqui doivent perdre toute leur valeur de principes en face des idées.En effet, si, à l'égard de la nature, c'est l'expériencequi nous donne la règle et qui est la source de la vérité, à l'égard des lois morales, c'est l'expérience (hélas!) qui est la mère de l'apparence, et c'est se tromper grossièrementque de tirer de ce qui se fait les lois de ce qui doit se faire, ou de vouloir les y restreindre. Mais, au lieu de nous livrer à ces considérationsqui, convenablementprésentées, font en réalité la vraie gloire du philosophe,occupons-nousà présent d'un travailbeau- coup moins brillant, mais qui n'est pourtant pas non plus sans mérite. Il s'agit de déblayer et d'affermirle sol qui doit porter le majestueux édificede la morale car en le fouillant avec bonne intention, mais inutilement,pour y
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