Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869

DES IDÉES EN GÉNÉRAL 375 consulterles idées en temps opportun et si, à leur place, des préjugés grossiers, justement parce qu'ils venaient de l'expérience, n'avaient pas rendu tout bon desseininu- tile. Plus la législation et le gouvernementseraient con- formes à ces idées, plus les peines deviendraient rares, et il est tout à fait raisonnablede penser(avecPlaton)que, dans une constitution parfaite, elles ne seraient plus du tout nécessaires. Quoiquecette dernière chose ne puisse jamais se réaliser, ce n'en est pas moinsune idée juste que celle qui pose ce maximumcommele type qu'on doit avoir en vue pour rapprocher toujours davantage la constitution légale des hommesde la plus grande per- fection possible. En effet personne ne peut et ne doit déterminer quel est le plus haut degré où doives'arrê- ter l'humanité, et par conséquent combiengrande est la distance qui doit nécessairementsubsister entre l'idée et sa réalisation; car la liberté peut toujours dépasser les bornes assignées. Mais ce n'est pas seulementdans les chosesoù la rai- son humaine montre une véritable causalité et où les idées sont des causes efficientes(des actions et de leurs objets), c'est-à-dire dans les choses morales, c'est aussi dans la nature même que Platon voit avec raison des preuves évidentesde cette vérité, que les chosesdoivent leur origine à des idées.Une plante, un animal, l'ordon- nance régulière du monde (sans doute aussi l'ordre en- tier de la nature) montrent clairementque tout celan'est possibleque d'après des idées.A la vérité, aucunecréa- ture individuelle,dans les conditionsindividuellesde son existence, n'est adéquate à l'idée de la plus grande per- fection de son espèce (de même que l'hommene peut reproduire qu'imparfaitementl'idée de l'humanité,qu'il

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