Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869

368 DIALECTIQUE TRANSCENDENTALE Mais, dès que nous avons réellement atteint l'incondi- tionnel, nous pouvons l'examiner en particulier dans toutes les déterminationsqui le distinguent de tout con- ditionnel, et par conséquent il doit donner matière à plusieurspropositionssynthétiques à priori. Les propositions fondamentales qui dérivent de ce principe suprême de la raison pure sont transcendantes par rapport à tous les phénomènes,c'est-à-dire qu'il est impossiblede tirer jamais de ce principe un usage empi- rique qui lui soit adéquat. Il est donc bien différentde tous les principes de l'entendement (dont l'usage est par- faitement immanent,puisqu'ils n'ont d'autre thème que la possibilité de l'expérience).Ce principe, que la série des conditions(dans la synthèse des phénomènesoumême de la pensée deschosesen général) s'élève jusqu'à l'incon- ditionnel, a-t-il une valeur objective,et quelles sont les conséquencesqui en dérivent relativementà l'usage em- pirique de l'entendement? Ou ne serait-il pas plus vrai de dire qu'il n'y a aucun principe rationnel de ce genre ayant une valeur objective,mais simplement une pres- cription logique qui veut qu'en remontant à des condi- tions toujours plus élevées, nous nous rapprochions de l'intégrité de ces conditions, et que nous portions ainsi notre connaissanceà la plus haute unité possiblepour nous? N'est-ce pointpar l'effetd'un malentenduque nous prenons ce besoinde la raison pour un principe transcen- dental de la raison pure, imposant témérairementcette intégrité absolueà la série des conditionsdans les objets mêmes? Et s'il en est ainsi, quelles sont les fausses in- terprétations et les illusions qui peuvent se glisser dans les raisonnementsdont la majeure est tirée de la raison pure (et est peut-être plutôt une pétitionqu'un postulat),

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