Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869

DE L'USAGE PUR DE LA RAISON 367 principe qui veut que tout ce qui arrive ait une cause n'est point du tout connu et prescrit par la raison. Il rend possible l'unité de l'expérience, et il n'emprunte rien à la raison, qui, sans ce rapport à une expérience possible, n'aurait pu avec de simplesconceptsprescrire une unité synthétique de ce genre. En second lieu, la raison dans son usage logique cherche la condition générale de son jugement (de la conclusion), et le raisonnement n'est lui-même autre chose qu'un jugement que nous formons en subsumant sa condition sous une règle générale (la majeure). Or, comme cette règle doit être soumise à son tour à la même tentative de la part de la raison, et qu'il faut aussi chercher (au moyen d'un prosyllogisme)la conditionde la condition, et ainsi de suite aussi loin qu'il est possible de remonter, on voit que le principepropre de la raison en général dans son usage logique est de trouver pour la connaissanceconditionnellede l'entendementl'élément inconditionnelqui doit en accomplir l'unité. Mais cette maxime logique ne peut être un principe de la raison pure, qu'autant qu'on admet qu'avec le con- ditionnel est donnée aussi (c'est-à-dire contenue dans . l'objet et dans sa liaison) toute la série des conditions subordonnées, laquelle,par conséquent, est elle-même inconditionnelle. Or un tel principe de la raison pure est évidemment synthétique; car le conditionnelse rapporte bien analy- tiquement à une condition,mais non pas à l'incondition- nel. Il en doit dériveraussi diverses propositionssynthé- tiques, dont l'entendement pur ne sait rien, puisqu'il n'a affaire qu'à des objets d'expériencepossible,dont la con- naissance et la synthèse sont toujours conditionnelles.

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