Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869
DE LA RAISON EN GÉNÉRAL 361 connu par là suivant un principe. Or, commetoute con- naissance universelle peut servir de majeure dans uu raisonnement, et que l'entendementfournit des proposi- tions universellesà priori, ces propositionspeuvent aussi recevoir le nom de principes, à cause de l'usage qu'on en peut faire. Mais si nous considéronsces principes de l'entende- ment pur en eux-mêmeset dans leur origine, ils ne sont nullementdes connaissances par concepts.En effet, ils ne seraient pas même possibles à priori, si nous n'y in- troduisions l'intuition pure (comme il arrive en mathé- matiques), ou les conditionsd'une expériencepossible en général. On ne saurait conclure du concept de ce qui arrive en général ce principeque tout ce qui arrive a une cause; c'est bien plutôt ce principequi nous montre comment nous pouvons avoir de ce qui arrive un con- cept expérimental déterminé. L'entendementne peut doncnous fournir de connais- sances synthétiquesqui dérivent de simples concepts,et ces connaissancessont les seules qu'à proprementparler j'appelle des principes, quoique toutes les propositions universellesen général puissent aussi recevoir par com- paraison le nom de principes. Il y a un vœu bien ancien, et qui s'accomplirapeut- être un jour, mais quel jour? c'est que l'on parvienne à découvrir, à la place de l'infinievariété des lois civiles, les principes de ces lois; car c'est en cela seulement que gît le secret de simplifier,comme on dit, la législation. Mais ici les lois ne sont autre chose que des restrictions apportées à notre liberté d'après les conditionsqui seules lui permettent de s'accorder constamment avec elle- même, et par conséquent elles se rapportent à quelque
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