Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869
DE L'APPARENCE TRANSCENDENTALE 357 n'est pas suffisammentcontenu par la critique et qu'il néglige les limites du seul terrain où puisse s'exercer l'entendementpur; j'entends ces principes réels qui pré- tendent renverser toutes ces bornes et qui s'arrogent un domaine entièrement nouveau,où l'on ne reconnaît plus aucune démarcation.Le transcendentalet le transcendant ne sont donc pas la même chose. Les principes de l'en- tendement pur que nous avons exposés plus haut n'ont qu'un usage empirique et non transcendental, c'est- à-dire que cet usage ne sort pas des limitesde l'expé- rience. Mais un principe qui repousse ces limiteset nous enjoint même de les franchir, c'est là ce que j'ap- pelle un principe transcendant.Si notre critiquepeut par- venir à découvrir l'apparence de ces prétendusprincipes, alors ceux dont l'usage est purementempiriquepourront être nommés,par oppositionà ces derniers,principes im- manentsde l'entendementpur. L'apparencelogique,qui consiste simplementdans une fausse imitation de la formerationelle (l'apparence des paralogismes)résulte uniquementd'un défaut d'attention aux règles logiques. Aussi se dissipe-t-elle entièrement dès que ces règles sont justement appliquées au cas pré- sent. L'apparence transcendentale,au contraire,ne cesse pas par cela seul qu'on l'a découverteet que la critique transcendentaleen a clairementmontré la vanité (telle est, par exemple,celle qu'offrecette proposition:lemonde doit avoir un commencementdans le temps). La cause en est qu'il y a dans notre raison (considéréesubjective- ment, c'est-à-dire comme une faculté de connaître hu- maine) des règles et des maximesfondamentalesqui, en servant à son usage, ont tout à fait l'air de principes ob- jectifs et font que la nécessité subjective d'une certaine
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