Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869

356 DIALECTIQUE TRANSCENDENTALE vant une autre direction, ne venait lui faire décrire une ligne courbe. Pour bien distinguer l'acte propre de l'en- tendement de la force qui s'y mêle, il est nécessairede considérerle faux jugement commeune diagonale entre deux forces qui déterminent le jugement suivant deux directions différentes, et de résoudre cet effet composé en celui qui revient simplement à l'entendementet celui qui revient à la sensibilité.C'est ce que l'on exprime en des jugements purs à priori au moyen d'une ré- flexion transcendentale qui (comme nous l'avons déjà montré) assigne à chaquereprésentation sa place dans la faculté de connaîtreà laquelle elle appartient, et per- met ainsi de distinguer l'influencede la sensibilitésur l'entendement. Notre objet n'est pas ici de traiter de l'apparence em- pirique (par exempledes illusions d'optique)que présente l'application empirique des règles, d'ailleurs justes, de l'entendement,et où le jugementest entraîné par l'in- fluence de l'imagination; il ne s'agit ici que de cette apparencetranscendentalequi influesur des principes dont l'application ne se rapporte plus du tout à l'expérience ( auquel cas nous aurions encore du moinsune pierre de touche pour en vérifier la valeur), et qui nous entraîné nous-mêmes,malgré tous les avertissementsde la cri- tique, tout à fait en dehors de l'usage empirique des ca- tégories, et nousabuse par l'illusion d'une extensionde l'entendementpur. Nous nommeronsimmanentsles prin- cipes dont l'application se tient absolumentrenfermée dans les limitesde l'expériencepossible, et trancendants ceux qui sortent de ces limites. Je n'entends point par là cet usage transcendentalou cet abus des catégories, qui n'est que l'erreur où tombenotre jugement,lorsqu'il

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