Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869

350 ANALYTIQUE TRANSCENDENTALE formes sensibles, où ils déterminentun objet); et de qui par conséquentnous ne savonss'il se trouve en nousou même hors de nous, s'il disparaîtrait avec la sensibilité, ou si, celle-ci écartée, il subsisterait encore.Si l'onveut appeler cet objet noumène,par la raison que la repré- sentationn'en est pas sensible, on en est bien libre; mais, commenous ne pouvonsy appliquer aucun des concepts de notre entendement,cette représentation reste toujours vide pour nous, et ne sert à rien sinon à indiquer les limites de notre connaissancesensible,et à laisser vacant un espaceque nous ne pouvons combleravec aucune ex- périence possible ni avec l'entendement pur. La critique de cet entendement pur ne nous permet donc pas de nous créer un nouveau champ d'objets en dehors de ceux qui peuvent se présenter à lui comme phénomènes, et de nous aventurer dans des mondesin- telligibles, ni mêmedans leur concept.,L'erreur qui nous égare ici de la manière la plus spécieuse, et peut être sans doute excusée, mais non pas justifiée, consisteà rendre transcendental l'usage de l'entendement, contrai- rement à sa destination, et à croire que les objets, c'est- à-dire des intuitions possibles,doiventse régler sur des concepts, et non les concepts sur des intuitions possibles ( comme sur les seulesconditionsqui puissent leur donner une valeur objective).La causede cette erreur à son tour est que l'aperception, et avec elle la pensée,précèdent tout ordre déterminé possibledes représentations. Nous concevonsdonc quelque choseen général et nous le dé- terminonsd'une manière sensible par un côté, maisnous distinguonspourtant l'objetgénéral et représenté in abs- tracto de cette manière de le percevoir il nous reste alors une manière de le déterminer uniquementpar la

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