Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869

348 ANALYTIQUE TRANSCENDENTALE ment notre mode d'intuitionsensible par lequel des ob- jets nous sont donnés,et, si nous faisonsabstraction de ce mode, ces conceptsn'ont plus aucun rapport à un ob- jet. Quand même nous admettrions une autre espèce d'intuition que notre intuition sensible, les fonctionsde notre pensée seraient à son égard sans aucune valeur. Si nous entendons par là uniquement des objets d'une intuition non sensible, mais auxquels nos catégories ne s'appliquentpas, et dont par conséquentnousn'avons aucune connaissance (ni intuition, ni concept), on doit sans doute admettre des noumenadans ce sens tout né- gatif ils ne signifient en effet rien autre chosesinon que notre moded'intuitionne s'étend pas à toutes les choses, mais seulement aux objets de nos sens,que par consé- quent sa valeur objective est limitée, et que par consé- quent encore il reste de la place pour quelque autre mode d'intuition, et par là aussi pour des choses qui en seraient les objets. Mais alors le concept d'un noumenon est problématique: c'est la représentation d'une chose dont nous ne pouvonsdire ni qu'elle est possibleni qu'elle est impossible,puisque nousne connaissonspas d'autre espèce d'intuition que notre intuition sensible, et d'autre espèce de conceptsque les catégories, et que ni celle-là ni celles-cine sont appropriéesà un objet extra-sensible. Nous ne pouvons donc pas étendre d'une manière posi- tive le champ des objets de notre pensée au delà des conditionsde notre sensibilité,et admettre, en dehorsdes phénomènes, des objets de la pensée pure, c'est-à-dire des noumena,puisque ces objets n'ont aucun sens positif qu'onpuisseindiquer. Il faut reconnaître en effet que les catégories ne suffisent pas à elles seules pour la con- naissance des choses en soi, et que sans les data de la

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