Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869

342 ANALYTIQUE TRANSCENDENTALE sance puisse avoir une réalité objective, c'est-à-dire où une intuition correspondeaux concepts. Quand notre réflexion est purement logique, nous nous bornons à comparer entre eux nos concepts au point de vue de l'entendement, afin de' savoir si deux concepts contiennentla même chose, s'ils sont ou non contradictoires, si quelque chose est intrinsèquement contenudans le concept ou s'y ajoute, et lequel des deux est donné, lequel n'a de valeur que commemanière de concevoirle concept donné. Mais, quand j'applique ces concepts à un objet en général (dans le sens transcen- dental), sans déterminer d'ailleurs si c'est un objet de l'intuition sensibleou de l'intuition intellectuelle, aussi- tôt se manifestentdes restrictions (pour nous empêcher de sortir du concept de cet objet) qui en interdisent tout usage empirique,et nous prouvent par là même que la représentation d'un objet commechose en général n'est pas seulement insuffisante, mais que, en l'absence de toute détermination sensiblede cet objet et en dehors de toute conditionempirique, elle est contradictoireen soi; qu'il faut donc (dans la logique) ou bien faire abs- traction de tout objet, ou, si l'on en admet un, le conce- voir sous les conditionsde l'intuition sensible; qu'ainsi l'intelligibleexigerait une intuition tout autre que celle que nous avons, et que, faute de cette intuition, il n'est rien pour nous, mais qu'aussi les phénomènesne peuvent pas être des objetsen soi.En effet,si je conçoissimplement des chosesen général, la diversitédes rapports extérieurs ne peut sans doute constituer une diversité des choses mêmes, mais plutôt elle la présuppose;et, si le concept de l'une de ces chosesn'est pas intrinsèquement distinct

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