Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869

AMPHIBOLIE DES CONCEPTS DE RÉFLEXION 339 me représenter par le seul entendementles rapports ex- térieurs des choses, cela ne peut avoir lieu qu'au moyen d'un concept de leur action réciproque; et, pour que je puisse lier un état d'une choseà un autre état de cette même chose,il faut nécessairementqueje me place dans l'ordre des principes et des conséquences.C'est ainsi que Leibnitz se représentait l'espace commeun certainordre dans le commercedes substances, et le temps commela série dynamique de leurs états. Mais ce que tous deux semblentavoir de propre et d'indépendant des choses,il l'attribuait à la confusionde ces concepts,qui fait regar- der commeune intuition existant par elle-mêmeet anté- rieure aux chosesmêmesce qui est une simple formede rapports dynamiques.L'espace et le temps étaient donc pour lui la forme intelligiblede la liaison des chosesen soi (des substanceset de leurs états). Quant aux choses mêmes, il les regardait commedes substances intelligi- bles (substantiœnoumena).Il voulait pourtant faire pas- ser ces conceptspour des phénomènes,parce qu'il n'ac- cordait à la sensibilité aucune espèce d'intuition, mais qu'il les cherchait toutes, mêmela représentation empi- rique des objets, dans l'entendement, et qu'il ne laissait aux sens que la misérablefonctionde confondreet de défigurer les représentationsde l'entendement. Mais, quand mêmenous pourrions tirer de l'entende- ment pur quelque proposition synthétique touchant les chosesen soi (ce qui est cependant impossible), elle ne pourrait nullement s'appliquer aux phénomènes,qui ne représentent pas des choses en soi. Cela étant ainsi je ne devrais donc jamais, dans la réflexiontranscenden- tale, comparer mes conceptsque sous les conditionsde la sensibilité, et ainsi l'espace et le temps ne sont pas

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