Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869
336 ANALYTIQUE TRANSCENDENTALE de croire qu'il n'avait pas médiocrementétendu par là la connaissancede la nature. Sans doute, quand je re- garde une goutte d'eau comme une chose en soi d'après toutes ses qualités intrinsèques, je ne puis en regarder aucune autre comme différente de celle- là, si tout le conceptde la secondeest identique à celuide la première.Mais, si cette goutte d'eau est un phénomène dans l'espace, elle n'a pas seulement sa place dans l'en- tendement (parmi les concepts),mais dans l'intuition ex- térieure sensible (dans l'espace); et, comme les lieux physiques sont tout à fait indifférents par rapport aux déterminations intrinsèques des choses, un lieu = b peut tout aussi bienrecevoir une choseabsolumentsemblable et égale à une autre située dans un lieu = a, que si la première était intrinsèquement distincte de la seconde. La différence des lieux, sans autre ccaditien, rend la pluralité et la distinction des objets, considérés comme phénomènes, non-seulement possiblespar elles- mêmes, mais même nécessaires.Cette prétendue loi des indiscernablesn'est donc pas une loi de la nature. Elle est simplementune règle analytique, ou une comparai- sondes chosesau moyen de simplesconcepts. 2 ° Ce principe,que les réalités (commesimples affir- mations) ne sont jamais logiquementcontraires les unes aux autres, est un principe tout à fait vrai quant au rap- port des concepts, mais qui ne signifie absolument rien, soit par rapport à la nature, soit par rapport à quelque choseen soi (dont nousn'avonsaucun concept).En effet, il y a une contradictionréelle partout où A B = 0, c'est-à-direoù deux réalités étant liées dans un sujet, l'une supprime l'effetde l'autre, commele montrent in- cessammenttous les obstacles et toutes les réactions
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