Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869

AMPHIBOLIE DES CONCEPTS DE RÉFLEXION 329 tité), et il suffit qu'on les perçoive en même temps dans des lieux différents pour les regarder commenumérique- ment distinctes. Leibnitz prenait les phénomènespour des choses en soi, par conséquentpour des intelligibilia, c'est-à-dire pour des objets de l'entendement pur (bien qu'il les désignât sous le nom de phénomènesà cause de l'obscuritédes représentationsque nous en avons),et à.ce point de vue son principe des indiscernables(principium identitatis indiscernibilium)était certainement inatta- quable mais, commece sont des objets de la sensibilité et que l'usage de l'entendement par rapport à eux n'est pas pur, mais simplement empirique, la pluralité et la diversité numérique sont déjà donnéespar l'espacemême, commeconditiondes phénomènesextérieurs.En effetune partie de l'espace, quoique parfaitement égale et sem- blable à une autre, est cependanten dehors d'elle, et elle est précisémentpar là une partie distinctede cette autre partie qui s'ajoute à elle pour constituer un espace plus grand, et il en doit être de même de toutes les choses qui sont en même temps en différentslieux de l'espace, quelque semblables et quelque égales qu'elles puissent être d'ailleurs. 2 ° Convenancet disconvenance.Quand la réalité ne nous est représentéeque par l'entendementpur (realitas noumenon),on ne conçoitpas qu'il puisse y avoir entre les réalités aucune disconvenance,c'est-à-direun rapport tel qu'unies en un sujet elles supprimentréciproquement leurs effets, et 3—3 = 0. Au contraireles réalités phé- noménales (realitasphœnomenon)peuvent certainement être opposéesentre elles,et, bien qu'unies dans le même sujet, annihiler les effets l'une de l'autre, comme,par exemple, deux forces motrices agissant sur une même

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