Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869

322 ANALYTIQUE TRANSCENDENTALE les noumènesles seuls concepts restants) signifient en- core quelquechose,puisque,pour qu'elles aient un rap- port à quelqueobjet, il faut quelque chose de plus que l'unité de la pensée, à savoir une intuition à laquelle elles puissent être appliquées?Toutefois,le concept d'un noumène,pris d'une manière simplementproblématique, n'en reste pas moins,je ne dis pas seulement admissible, mais inévitable comme concept limitant la sensibilité. Mais alors, loin que le noumènesoit un objet intelligible pour notre entendement, l'entendementmême auquel il appartiendrait est un problème, c'est-à-dire que nous ne pouvons nous faire la moindre idée de la faculté qu'au- rait l'entendementde connaître son objet, non plus dis- cursivement par le moyen des catégories, mais intuitive- ment, dans une intuition non sensible.Notre entende- ment ne reçoit donc ainsi qu'une extension négative, c'est-à-dire que, sil n'est pas limité par la sensibilité, mais s'il la limite au contraire en appelant noumènes les choses en soi (envisagéesautrement que commephé- nomènes), il se pose aussi à lui-même des limites qui l'empêchent de les connaître par le moyen des catégo- ries, et par conséquent de les concevoirautrement que comme quelque chose d'inconnu. Je trouve cependant dans les écrits des modernesles expressions de mondesensibleet de monde intelligible employées dans un tout autre sens, dans un sens qui s'é- « Il ne faut pas substituer à cette expression celle de monde in- tellectuel, comme on a coutume de le faire dans les ouvrages allemands car il n'y a que les connaissances qui soient intellectuelles ou sensi- tives. Les objets seuls peuvent être appelés intelligibles (a). » ( a) Cette note, dont j'abrége la dernière phrase pour n'en conserver que ce qui s'applique à notre langue et peut se traduire en français; est une addition de la seconde édition. J. B.

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