Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869
PHÉNOMÈNES ET NOUMÈNES 321 I. 21 pas l'intuition sensible jusqu'aux choses en soi, et que par conséquentl'on restreigne la valeur objective de la connaissancesensible (car le reste où ellen'atteint pas, on l'appellenoumène,précisémentpour indiquerpar là que cette sorte de connaissancesne peut étendre son domaine sur tout ce que conçoitl'entendement).Mais,en définitive, la possibilitéde ces noumènesn'en est pas moinsinsaisis- sable, et, en dehors de la sphère des phénomènes,il n'y a plus (pour nous) que le vide. En d'autres termes, nous avons un entendement qui s'étend problématiquementplus loin que cette sphère, maisnousn'avonsaucuneintuition par laquelle des objets puissent nous être donnésen de- hors du champ de la sensibilité,nousn'avonsmêmeau- cun concept d'une intuition possiblede ce genre, et l'en- tendement ne peut être employé assertoriquementen dehorsde ce champ.Le conceptd'un noumènen'est donc qu'un conceptlimitatif1, destiné à restreindre les préten- tions de la sensibilité, et par conséquent il n'a qu'un usage négatif. Il n'est pas cependant une fictionarbi- traire, mais il se rattache à la limitation de la sensibi- lité, sans toutefois pouvoir rien établir de positif en de- hors de son champ. La divisiondes objets en phénomèneset noumèneset du monde en monde sensible et monde intelligible, ne peut donc être admise dans un sens positif, bien qu'on puisse certainement admettre celledes concepts en sen- sibleset intellectuels car on ne peut assigner à ces der- niers aucun objet et par conséquent leur attribuer une valeur objective.Quand on s'éloigne des sens, comment faire comprendreque nos catégories (qui seraient pour Grenzbegriff.
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