Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869
320 ANALYTIQUE TRANSCENDENTALE nos conceptsintellectuels, en tant que simples formes de la pensée pour notre intuition sensible,ne s'y appliquent en aucune façon. Ce que nous appelons noumènene doit donc être entendu que dans le sens négatif. Si je retranche d'une connaissance empirique toute pensée (formée au moyen des catégories), il ne reste au- cune connaissanced'un objet; car par la simple intuition rien n'est pensé, et de ce que ma sensibilité est ainsi affectée,il ne s'ensuit aucun rapport de cette représenta- tion à quelque objet. Que si au contraire je supprime toute intuition, il reste encore la forme de la pensée, c'est-à-dire la manière d'assigner un objet aux éléments divers d'une intuition possible. Les catégories ont donc beaucoup plus de portée que l'intuition sensible,puis- qu'elles pensent des objets en général sans égard à la manière particulière dont ils peuvent être donnés (par la sensibilité). Mais elles ne déterminent pas pour cela une plus grande sphère d'objets, puisqu'on ne saurait admettre que des objets de ce nouveau genre puissent nous être donnés, sans présupposer commepossible une autre espèce d'intuition que l'intuition sensible, ce à quoi nous ne sommesnullement autorisés. J'appelle problématiqueun concept qui ne renferme pas de contradiction,mais qui, commelimitationde con- cepts donnés, se rattache à d'autres connaissancesdont la réalité objective ne peut être connue d'aucune façon. Le concept d'un noumène,c'est-à-dire d'une chose qui doit être conçue,non commeobjet des sens, mais comme chose en soi (uniquementpar l'entendement pur), n'est nullement contradictoire car on ne peut affirmer que la sensibilitésoit la seule espèce d'intuition possible. En outre, ce concept est nécessaire pour que l'on n'étende
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