Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869

PHÉNOMÈNES ET NOUMÈNES 319 choses que l'entendementdoit concevoiren dehors de ce rapport à notre mode d'intuition,par conséquentcomme chosesen soi et non plus simplementcommephénomènes, mais en comprenantqu'il ne peut faire aucun usage de ses catégories dans cette manière de les envisagersépa- rément, puisqu'elles n'ont de sens que par rapport à l'unité des intuitions dans l'espace et dans le temps, et qu'elles ne peuvent déterminer à priori cette unité au moyen des concepts généraux de liaison qu'en vertu de l'idéalité de l'espace et du temps. Là où ne peut .se trouver cette unité de temps, dans le noumènepar consé- quent, là cesseabsolumenttout usage et mêmetoute si- gnification des catégories; car la possibilité des choses qui doivent répondre aux catégories ne se laisse pas apercevoir. Je ne puis mieux faire à cet égard que de renvoyer à ce quej'ai dit au commencement-dela remar- que générale sur le précédentchapitre. On ne saurait dé- montrerla possibilitéd'une choseen disant que le concept de cette chose n'impliquepoint contradiction; il faut pour cela s'appuyer sur une intuition qui lui corresponde. Si doncnousvoulionsappliquer les catégories à des objets qui ne sont pas considéréscommephénomènes,il faudrait que nous leur donnassionspour fondementune autre in- tuition que l'intuition sensible, et alors l'objet serait un noumènedanslesens positif. Or commeune telle intuition, je veux dire l'intuition intellectuelle, est tout à fait en dehors de notre faculté de connaître, l'usage des caté- gories ne peut en aucune façon s'étendre au delà des bornes des objets de l'expérience.Il y a bien sans doute des êtres intelligiblescorrespondant aux êtres sensibles, il peut même y avoir des êtres intelligiblesqui n'aient aucun rapport à notre faculté d'intuition sensible; mais

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