Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869
XXIV ANALYSE DE LA CRITIQUE cipe de toute synthèse. e elles appartiennent à une conscience. Cette conscience n'est pas celle que je puis avoir de mes diverses représentations, car celle- ci est en quelque sorte éparpillée dans chacune d'elles; et, s'il n'y en avait pas d'autre, le moi serait aussi divisé et aussi bigarré que te5 représentations dont j'ai conscience. Il faut donc, pour que je puisse me représenter l'identité de ma conscience à travers la diversité de mes représentations, que je les unisse l'une à l'autre en une seule et même conscience qui en exprime la synthèse. Ce n'est qu'à cette condition que je puis les appeler toutes miennes (v. p. 162); et cette condition, qui est le principe de l'identité de l'aperception même, précède etpriori toute intuition déterminée. Ce n'est pas en effet des objets mêmes que la liaison de nos représentations peut être tirée par la perception pour être ensuite reçue dans l'entendement: elle est uniquement une opération de l'entendement, qui n'est lui-même autre chose que la faculté de former des liaisons à priori et de ramener la diver- sité des représentations données à l'unité de l'aperception. Cette unité originaire est essentiellement synthétique. L'iden- tité de la conscience de soi-même exprime bien une vérité ana- lytique mais cette unité ne pourrait être conçue sans la diver- sité des représentations qu'elle sert à relier et qui nous vien- nent des sens, puisque notre entendement n'est pas intuitif, mais simplement discursif, et que sa fonction, qui est de penser, con- siste précisément à ramener cette diversité à l'unité. Quand donc je dis que j'ai conscience d'un moi identique, cela revient i dire que j'ai conscience de la synthèse qui doit nécessairement servir de lien aux diverses représentations, et c'est pourquoi aussi l'on peut dire que l'unité originaire de l'aperception est une unité synthétique. Là est le principe suprême de tout l'usage de l'entendement, et par conséquent de toute la connaissance humaine. De même qu'au point de vue de la sensibilité toutes nos intuitions sont rences; mais cette comparaisonprendrait trop de place, et elle n'est pas essentielle elle ne relèverait pas en effetun changementréel dans le fondmême des idées, mais un nouveau développementdes mêmes idées. Je me contentedoncde renvoyer le lecteur à la traduction que j'ai donnéedu premier travail de Kant dansl'appendiceplacé à la fin du secondvolume(p. 411 435), lui laissantle soin de le rapprocher du dernier, s'il le juge à propos.
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