Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869

UE LA RAISON PURE XXIII De l'unité du je penseou de la conscience comme prin- et le temps, qui en sont les conditions à priori, de même le se- cond ne peut se produire qu'en vertu de certaines conditions à priori, qui sont les formes mêmes -de la pensée, comme les pre- mières sont celles de l'intuition, et qui, s'appliquant aux objets fournis par celle-ci, tirent leur valeur de cet usage même. C'est l'entendement qui est lui-même, par ses concepts, l'auteur de l'expérience. Voilà le grand principe que Kant oppose à Locke et à Hume, et à l'aide duquel il prétend maintenir la raison entre les deux écueils où l'ont fait échouer ces deux philosophes: le dog- matisme empirique du premier et le scepticisme du second (v. p. 156 157). Suivons maintenant ce principe dans le développement que lui donne notre auteur. Nous avons vu que la fonction générale de l'entendement était d'introduire l'unité dans la diversité de nos représentations. Toute liaison entre les intuitions diverses, comme entre les di- vers concepts, est un acte de l'entendement (v. p. 159). Mais comment cet acte, que Kant désigne sous le nom commun de synthèse, est-il lui-même possible, ou quel en est le principe originaire? Il y a sans doute la catégorie de l'unité, mais cette catégorie, comme toutes les autres, ne fait que représenter une fonction logique du jugement qui implique déjà la liaison et par conséquent l'unité des concepts. Il faut donc remonter plus haut encore, c'est-à-dire « à ce qui contient le principe de l'u- nité de différents concepts au sein des jugements et par consé- quent de la possibilité de l'entendement lui-même (p. 160).» Ce principe, Kant le trouve dans l'unité de cette conscience de soi- même qui s'exprime par le « je pense, » et qu'il désigne sous le nom d'aperception pure ou originaire. Nous arrivons ici à l'un des points les plus subtils et les plus obscurs de sa critique; je voudrais en donner une idée aussi claire et aussi exacte que pos- sible (1). Les représentations diverses données dans une intuition, par exemple dans celle d'un palais ou d'un temple, ne sont toutes ensemble mes représentations que parce que toutes ensemble (1) Je suis ici le travail substitué par Kant, dans sa secondeédi- tion, à celni que renfermaitla première sur le même sujet, et je laisse de côté cette première rédaction de sa pensée. Il serait sans doute intéressant de comparer les deux rédactionset de marquer les diffé-

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