Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869

DE LA RAISON PURE IX Esthétique trauscendeu- taie. Fonction de la sensibilité Distinction de la matière et de la forme des intuitions sen- sibies. L'espace, in- tuition à Je vais en expliquer l'objet aussi clairement que possible. Nous entrons ici dans l'enceinte même de la Critique de la raison pure, au seuil de laquelle nous nous étions arrêtés jusqu'ici. Si l'on a bien compris la pensée de Kant, on a vu que son but dans ce travail était de dégager les éléments à priori que contient la connaissance humaine afin d'en déterminer exacte- ment la valeur et la portée. Suivant cette idée, il faut consi- dérer successivement les diverses facultés qui servent à constituer la connaissance humaine, afin d'opérer ce dégagement sur chacune d'elles. Or la première de ces facultés est la sensibilité, c'est- à-dire la capacité que nous avons de recevoir des objets, par la manière même dont ils nous affectent, des représentations ou des intuitions, qui forment les premiers matériaux de la connaissance et sans lesquelles il n'y aurait pas de pensée possible. Kant n'accepterait pas dans ses termes absolus l'ancien adage scolasti- que Nihil est in intellectu quod non prius fuerit in sensu; mais il admet que l'entendement n'aurait rien à penser si le sens ne lui donnait. quelque chose à quoi il pût appliquer son activité. « Toute pensée, dit-il expressément (p. 74), doit aboutir, en dernière analyse, soit directement, soit indirectement, à des in- tuitions, et par conséquent à la sensibilité, puisqu'aucun objet ne peut nous être donné autrement. » Mais les intuitions contiennent déjà elles-mêmes autre chose que ce qui vient de la sensation. La matière qui les constitue est bien donnée par la sensation, mais la forme à laquelle se rapporte et où s'ordonne tout ce qu'il y a en elle de divers n'en saurait venir. Tandis que cette matière ne peut nous être donnée qu'à posteriori, cette forme existe antérieure- ment on à priori dans l'esprit, toute prête à s'appliquer à la première, comme une sorte de moule. On doit donc pouvoir la considérer indépendamment de toute sensation, et c'est là préci- sément l'objet de l'esthétique transcendentale. Dans cette pre- mière partie de la critique de la raison pure, il s'agit donc d'une part d'isoler la sensibilité de tout ce que l'entendement peut y ajouter, et d'autre part d'en écarter tout ce qui appartient à la sensation pour n'en conserver que la simple forme, la forme pure et les principes à priori qui s'y fondent. Appliquons d'abord cette méthode au sens extérieur. Par le moyen de ce sens, nous nous représentons certaines choses comme

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