Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869

DE LA RAISON PURE VI[ Comment des jugements synthétiques à priori sont-ils possibles Problème fon- damental de la Critique de la raison pure. concept de 5 des doigts de ma main comme d'intuition, j'ajoute peu à peu au nombre 7, à l'aide de cette image, les unités que j'avais d'abord réunies pour former le nombre cinq, et j'en vois résulter le nombre 12. Dans le concept d'une somme = 7 + 5, j'ai bien reconnu que 7 devait être ajouté à 5, mais non pas que cette somme était égale à 12. Les propositions arithméti- ques sont donc toujours synthétiques; c'est ce que l'on verra plus clairement encore en prenant des nombres plus grands Les principes de la géométrie ne sont pas davantage analytiques. ' C'est une proposition synthétique que celle-ci: entre deux points la ligne droite est la plus courte. En effet, mon concept de droit ne contient rien qui se rapporte à la quantité; il n'exprime ' qu'une qualité. Le concept du plus court est donc une véritable addition, et il n'y a pas d'analyse qui puisse le faire sortir du concept de la ligne droite. Il faut donc ici encore recourir à l'intuition elle seule rend possible la synthèse. » Mais reste toujours à expliquer en général l'existence de ju- gements synthétiques à priori. Il n'y a point de difficulté au sujet des jugements d'expérience. On comprend très-bien com- ment ils peuvent être synthétiques, puisque c'est l'expérience ' même qui en forme la synthèse; mais comment est-il possible qu'il y ait des jugements synthétiques àpriori, comme celui-ci: tout ce qui arrive a sa cause? Là est pour Kant le problème - capital de la critique de la raison pure (v. p. 68. Cf. les lignes qui figuraient ici dans la première édition avec la note corres- pondante). C'est en effet, suivant lui (p. 63), de la solution de ce pro- blème ou de l'impossibilité démontrée de le résoudre que dé- pend le salut ou la ruine de la métaphysique. L'échec qu'ont subi toutes les tentatives de la métaphysique, grâce à la voie - détestable qu'elles avaient suivie, a fait douter de sa possibilité. Mais comme, d'une part, elle existe toujours, sinon à titre de - science, du moins à titre de disposition naturelle, et comme, d'au- tre part, les questions qu'elle soulève étant inévitables, il faut bien qu'il soit possible de décider ce que la raison peut ici ou ne peutpas, il y a lieu de. se demander comment ces questions naissent de la nature de l'intelligence humaine en général, ou comment la mé- taphysiqueest possible à titre de disposition naturelle, et à quelle solution certaine la raison pure peut arriver à leur égard, ou

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