Kant, Emmanuel (1724-1804). Critique de la raison pure. 1869
VI ANALYSE DE LA CRITIQUE Distinction des jugements analytiques et des jugements synthétiques. Que les propo- sitions mathé- matiques sont des jugements synthétiques à priori. leur et le prix (Ibid.) ? » Ce qui est précisément l'objet de la critique de la raison pure. Pour résoudre ces questions, il faut d'abord établir une dis- tinction capitale parmi les jugements à priori: il y a des juge- ments à priori qui sont purement analytiques, et il y en a qui sont synthétiques (v. p. 54). Mais quelle différence y a-t-il en général entre les jugements analytiques et les jugements synthé- tiques ? C'est que, dans les premiers (celui-ci, par exemple, tous les corps sont étendus), le prédicat est implicitement contenu dans le sujet, de telle sorte qu'il suffit d'analyser le sujet pour en tirer le prédicat, tandis que les seconds (comme celui-ci: tons les corps sont pesants) ajoutent au concept du sujet un prédi- cat qui n'y était pas conçu et qu'aucune analyse n'en pourrait faire sortir. Aussi Kant appelle-t-il encore les premiers expli- catifs, et les seconds, extensifs. Appliquons maintenant cette distinction aux jugements à priori. S'il en est d'analytiques, il en est aussi de synthétiques. Tels sont en général tous ceux qui servent de principes aux sciences théorétiques issues de la raison (v. p. 58).. Kant'pense même, contrairement à la doctrine généralement admise, que les jugements mathématiques, à l'ex- ception de quelques axiomes (comme a = a, ou le tout est plus grand que sa partie), sont synthétiques. Il est curieux de voir comment il prétend le démontrer « On est sansdoute, dit-il (p. 59), tenté de croire d'abordque cette ' proposition 7 + 5 = 12 est une proposition purement analytique, qui résulte, suivant le principe de contradiction, du concept de la sommede sept et de cinq. Mais, quand on y regarde de plus près, on trouve que le concept de la sommede 7 et de 5 ne contient rien de plus que la réunion de deux nombres en un seul, et qu'elle ne nousfait nullementconnaître quel est cenombre unique qui contient les deux autres. L'idée de douze n'est point du tout conçue par cela seul que je conçois cette réunion de cinq et de sept, et j'aurais beau analyser mon concept d'une telle somme possible, je n'y trouverais point le nombre douze. Il faut que je sorte de ces con- cepts en ayant recours à l'intuition qui correspond à l'un des deux, comme par exemple à celle des cinq doigts de la main, ou à celle de cinq points, et que j'ajoute ainsi peu à peu au concept de sept les cinq unités données dans l'intuition. En . effet,je prends d'abord le nombre 7, et en me servant pour le
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