Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE acte humain, alors que la fécondation est d'origine divine. Or, l'art paléolithique est un art magique, et ce qu'il lui importe de représenter, c'est la fécondité, non l'amour humain. Et, en effet, « A la fin du Paléolithique supérieur, aucune scène d'accouplement humain ou animal n'est attes- tée avec certitude », écrit Leroi-Gourhan, qui note éga- lement que « lorsque les Aurignaciens gravent sur un bloc une vulve et un phallus, il n'y a évidemment aucune recherche pornographique... ils n'avaient probablement pas en vue la représentation de la copulation 13 ». La fécondité est, en revanche, une de leurs préoccupa- tions majeures (avec la chasse, elle aussi abondamment représentée), et c'est pour cela qu'on en trouve tant de symboles : en représentant des femelles gravides, nos ancêtres pensaient inciter la nature à les imiter ; c'est ce qu'on appelle magie par similitude *, et qui est largement pratiquée encore actuellement. La représentation de femmes et de bêtes fécondes était donc destinée à provoquer de nombreuses naissances. 12 et 13. Leroi-Gourhan, Le Geste et la Parole, tome II, pp. 234 et 250. * Une de ses formes les plus connues est le rite d'envoûte- ment, qui consiste à modeler une statuette à l'image de la personne à envoûter : tout ce que l'on inflige à la statuette est censé atteindre son modèle humain. Freud, dans Totem et Tabou (p. 95), cite le rite de magie de similitude suivant : lorsque les Aïnos du Japon veulent provoquer la pluie, ils imitent et repro- duisent artificiellement les orages : « ils font tomber de l'eau à travers un tamis ». Une autre opération de magie par simili- tude consiste à faire s'unir des couples à même la terre au moment des semailles. Ceci doit inciter la terre à être féconde elle aussi, et à produire d'abondantes récoltes. 96

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