Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

PRÉFACE affirmé par ailleurs sur l'ubiquité du fantasme, l'essen- tiel de celui-ci se trouve rejeté d'un seul côté, chez l'homme qui ne peut percevoir la « réalité » que par le moyen de ces miroirs horriblement déformants... N'est-ce pas omettre que ces êtres si simples — la brave ménagère qui bat son linge... la mère qui « ne désire nullement être phantasmatiquement parée de l'omnipotence, mais est forcée à jouer ce rôle » — sont en réalité (réalité psychi- que, la seule qui compte!) pétries de ces mêmes fantasmes, chair de leur inconscient. Le genèse du fantasme archaï- que est bien différente d'un décalque malhabile ou d'une photographie anachronique d'une situation objective abu- sivement déformée et portée à l'absolu. Plus importante que la dépendance objective, comportementale, c'est la dépendance par rapport aux désirs, aux manoeuvres sexuel- les, bref aux fantasmes maternels, qui vient tout précipiter. Le réel n'intervient guère, dans la relation mère-enfant, que comme un truchement par lequel se transmet, se transforme le fantasme, de la psyché de la mère à celle de l'enfant. Ici, l'idée d'une mère ou d'une « Phantas- mère », préœdipienne perd, à la limite, toute signification : la mère effective fait effraction, dans la soi-disant dyade mère-enfant, avec tout son arsenal fantasmatique : séduc- tion, désir de castration, envie du pénis, ne sont rien moins que des « rôles » surajoutés : la Grande Déesse, la Diane d'Ephèse, est hérissée de mille seins phalliques... « Afflavit et dissipati sunt. » Ce « pessimiste » qu'était Freud a su entretenir, en contrepartie, cette illusion que les affects « anachroniques » et les imagos dépassées pourraient se dissiper, telles les ombres de l'Hadès, à condi- 13

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