Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE Il était donc impératif de trouver une solution à ce désé- quilibre entre la quantité de nourriture disponible et le nombre de bouches à nourrir. Or, rien ne permet de penser que la deuxième solution, celle de la guerre, ait seule et partout prévalu. Car s'il est évident que l'homme, comme tout ce qui vit, est agressif — puisque pour vivre il faut se nourrir ; c'est-à- dire, le plus souvent, tuer — il n'est pas évident, en revan- che, qu'agressivité implique nécessairement guerre, qui est une destruction massive et risquée de ses congénères. Clyde Kluckhohn, par exemple, soutient qu' « on n'a pas de preuves que la guerre ait existé au Paléolithique. On a de bonnes raisons de croire qu'elle était inconnue au début du Néolithique en Europe et en Orient. Les habi- tations ne présentent pas les structures qu'eût exigé une défense contre d'éventuelles attaques. Les armes semblent n'avoir été destinées qu'à la chasse °. » • Mais, que la guerre ait existé ou non au Paléolithique supérieur, les faits prouvent que nos ancêtres ont com- mencé, à cette époque, à protéger le gibier. Ce fait va avoir d'énormes conséquences sur tout le reste de notre histoire pour deux raisons : tout d'abord, la nourriture sera à la portée de la main, on n'aura plus besoin de courir constamment après le gibier, mais seulement de sur- veiller les troupeaux, occupation éminemment propice à la réflexion, et surtout, la vie jusque-là mystérieuse des bêtes dans la forêt va perdre de son mystère. Le chevrier (puisqu'il semble bien que le premier animal 20 % des phases précédentes ; mais le nombre des squelettes de ce stade en France n'atteint pas, de son côté, 1 % de ceux de la période néolithique sur le même territoire. » 6. Clyde Kluckhohn, Initiation à l'anthropologie, Dessart, p. 72. 90

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