Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE tive d'un stade matriarcal préhistorique, détrônement de la « Grande Déesse » par le néolithique alors qu'en appa- rence c'est là qu'elle semble trouver son apogée, apparition de l'interdit de l'inceste au néolithique, etc. Une contre- épreuve devrait notamment être cherchée dans les civili- sations de chasse et cueillette, telles que les ethnologues contemporains les ont observées : y retrouverait-on le pou- voir féminin, le culte de la « Grande Déesse », l'ignorance totale du rôle du mâle dans la fécondation, l'absence du tabou de l'inceste, caractéristiques, selon Gabrielle Rubin, d'un âge préalable à l'apparition de la « loi du père » ? Les experts se prononceront, mais la question va plus loin : elle se pose ici en termes de structure ou d'histoire, — la seconde étant souvent privilégiée par l'auteur aux dépens de la première — et aussi entre une histoire fina- lement rationnelle, éliminant ses stades « dépassés » et une histoire où rien n'est jamais acquis et où tout fonc- tionne dans l'après-coup. Le rationalisme, voire l'intellectualisme a ses pièges : ainsi lorsqu'on entend désintriquer radicalement un ima- ginaire qui ne serait que fantasmagorie, illusion d'un autre âge, et un réel tout simple à la mesure du quotidien, lorsqu'on veut dénouer la « confusion » ou la « conden- sation » entre une Phantasmère omnipotente et terrifiante et ces êtres prosdiques et sans problèmes que seraient les mères et les femmes « quelconques ». Celles-ci n'en pour- raient mais d'avoir à assumer des imagos écrasantes, à endosser des désirs (castration) qu'elles n'ont pas « réelle- ment » et à subir des reproches qu'elles ne « méritent pas »• Dans cette perspective, et malgré tout ce qui a pu être 12