Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LE PREMIER OBJET D'AMOUR d'OEdipe est alors lentement abandonné, parce que ce désir n'est jamais accompli 6. » A ces transferts d'amour déjà complexes, viennent s'ajouter des problèmes d'identification, car si le garçon a pour premier objet d'amour sa mère et pour modèle d'iden- tification son père (ou un père) la fille doit, ou bien concentrer les deux choses sur un seul être, ce qui crée d'extrêmes difficultés, ou bien prendre pour modèle d'iden- tification un être doté d'un autre sexe que le sien, ce qui n'en crée pas de moindres. Ce problème sera repris plus en détail ultérieurement, mais il faut pour le moment garder présent à l'esprit que si le garçon a sa mère pour premier objet d'amour, la fille est précisément dans le même cas, comme le note Mé- lanie Klein : « Ainsi la fillette, lorsqu'elle se détourne de la mère sous l'empire de la haine et de la déception, et qu'elle oriente vers le père ses désirs oraux et génitaux, se trouve encore très fortement liée à sa mère par des fixa- tions orales et par son état de dépendance '. » Pour elle aussi, le seul objet d'amour, à ce stade, est donc la mère, puisque le père n'en est au début qu'un substitut. On peut donc tenir pour acquis que la mère est le pre- mier objet d'amour pour les enfants des deux sexes, et qu'elle l'est pour longtemps, c'est-à-dire jusqu'au début de l'CF.,dipe ; car, même si l'on tient compte — et elle est capi- tale — de la triangulation pré-oedipienne, même si on lui donne la place centrale qui est la sienne, il faut bien ad- mettre que l'introduction du tiers dans la dyade mère/ 6. Freud, La Disparition du Complexe d'Œdipe, P.U.F., p. 121. 7. Mélanie Klein, La Psychanalyse des Enfants, P.U.F., p. 147. 75
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