Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

PRÉFACE qu'elle baptise ingénieusement du terme de « Phantas- mère ». Dans une perspective freudienne, la Phantasmère serait donc le refoulé primordial, tandis que ce qui vient à la surface, symptôme pour les deux sexes, c'est l'en- semble des attitudes culturelles que l'auteur regroupe sous le chef de la « misogynie ». le contesterais volontiers, pour ma part, ce terme qui semble privilégier la haine (misein) dans l'éventail des affects concernant la femme. Celui-ci ne nous apparaît-il pas plus nuancé, multiple, ambivalent, fait aussi bien d'idéalisation, de respect et de révérence que d'infériorisation, ou, comme dit Freud, de « ravalement » ? Ce qu'il faut entendre, me semble-t-il, dans ce qu'avance Gabrielle Rubin, c'est que ces attitudes multiples envers la femme — où malgré tout le vecteur « infériorisation » se retrouve toujours à quelque degré - ne sont que la façon consciente, symptomatique et fina- lement inefficace de négocier une « haine » fondamen- tale dirigée, dans l'inconcient, contre la Phantasmère. Mais, à son tour, l'imago inconsciente de la mère est-elle si simple ? Et seraient-ils aussi dépourvus d'ambivalence, les affects inconscients qui la concernent ? Une partie importante de la démonstration ou de la « monstration » est dévolue, dans ce livre, aux références historiques ou préhistoriques. Le postulat de base est que « l'individu et la société suivent, dans leur évolution, des chemins parallèles » : un postulat qui pousse à son extrême la « loi » si controversée de Haeckel, et qui se heurterait à des objections nombreuses. Le spécialiste aurait à dire son mot sur l'ensemble de la perspective, comme sur bien des détails de celle-ci : existence effec- 11

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