Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

L'INTERDIT FONDATEUR a été pratiqué en bien d'autres lieux, mais généralement réservé aux « grands » ; pourtant, quelles que soient les libertés permises à ceux-ci, un interdit reste inviolable : celui qui concerne la mère. A Madagascar, par exemple, écrit Lévi-Strauss, « la mère, la soeur, la cousine sont des conjointes prohibées pour les gens du commun, tandis que pour les grands chefs et les rois, seule la mère — mais la mère tout de même — est " fady ", défendue 15 ». Voici donc un pays où, comme dans bien d'autres, il y a une règle pour les gens ordinaires, et une autre pour les puissants ; où, comme dans bien d'autres, les interdits sont levés pour les chefs et les rois. Où les tabous sont levés pour les « grands », tous sauf un, l'interdit de l'inceste avec la mère. Rappelons-nous aussi les récits de la Bible, l'histoire des pharaons, les faits divers survenus aussi bien au Maghreb que dans nos pays, où abondent les incestes frère/soeur ou père/fille. De combien d'incestes mère/fils avons-nous eu connaissance ? On peut résumer l'ensemble de ces remarques de la façon suivante : 1. Dans toutes les sociétés existe un interdit portant sur l'inceste. 2. Suivant les sociétés, cet interdit n'exclut pas du ma- riage toujours les mêmes catégories de personnes. 3. Un seul type d'inceste est toujours interdit, quelle que soit la société considérée. 15. Lévi-Strauss, op. cit., p. 11. 69

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