Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
        
 L'INTERDIT FONDATEUR grecs, les Ptolémées, qui règnent en Egypte, mais les moeurs ne changent pas pour autant. Les épouses des Ptolémées s'appellent presque toutes Cléopâtre, et l'on peut dire que leur lignée monte sur le trône suivant un schéma horrible et monotone ; à partir de Ptolémée II, le mode de succession consiste à tuer ses frères et à épouser sa soeur. Que l'inceste ait été une habitude des Pharaons, cela était admis, et ne nous touchait guère, dans la mesure où ceux-ci étaient des gens hors du commun, de grands per- sonnages qui échappaient aux règles habituelles ; nous savons maintenant que cela était fréquent dans toutes les classes. En effet, « On a cru longtemps que l'inceste était un privilège royal (ce qui, pour nous, en atténuait l'hor- reur) mais les dernières découvertes tendent à montrer qu'il n'en est rien, et que ces incestes étaient pratiqués assez librement en Egypte ". Lévi-Strauss le reconnaît lui-même : « Le cas de l'Egypte ancienne est plus troublant, parce que des décou- vertes récentes suggèrent que les mariages consanguins — particulièrement entre frères et soeurs — ont peut-être représenté une coutume répandue chez les petits fonction- naires et artisans, et non limitée, comme on l'a jadis cru, à la caste régnante et aux plus tardives dynasties ". » Or, si le cas de l'Egypte ancienne est plus troublant, ce n'est point du tout parce qu'il est exceptionnel, comme on pourrait le croire. S'il nous trouble, c'est parce que ces 11. M. A. Murray, Marriage in Ancient Egypt, p. 282 (1934). 12. Lévi-Strauss, op. cit., p. 11. 65
        
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