Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
        
 LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE En réalité, dans toutes les civilisations qui ont « fait » notre culture, l'interdit de l'inceste a été, dans l'Antiquité, réduit à sa plus simple expression : dans la Bible, dans les législations, dans les récits des historiens, il n'est question que de ce que nous considérons comme des incestes au sens strict du mot, c'est-à-dire réduits à la famille nu- cléaire ; mieux, à côté des mariages tout à fait admis entre cousins germains, oncle et nièce, beau-frère et belle-soeur, etc., nous trouvons quantité de références à des unions entre frère et soeur, père et fille, voir grand-père et petite- fille. Il faut bien dire, quoique cela choque nos idées reçues et que nous essayions de l'oublier, que l'inceste a été très largement pratiqué dans le bassin méditerranéen et ce, sans provoquer ni catastrophes, ni réprobation particu- lière. Je n'en donnerai ici que quelques exemples, choisis parmi bien d'autres : En Egypte, Aménophis III épouse sa fille Satamon ; Aménophis IV (le mari de Néfertiti) épouse leur plus jeune fille Ankhsenpaton, dont il a une fille/petite-file... Et ainsi de suite ; on peut dire que tous les souverains de cette dynastie se sont mariés de façon (pour nous) incestueuse. Mille ans après cette dynastie, ce sont des souverains rapportée par G. Tillion : « Les gens aiment épouser la fille de leur oncle paternel, comme ils aiment manger la viande de leur élevage. » Enfin, étudiant la société syrienne vers 1930, K. Cha- tila écrivait : c Les familles de la haute société ont un fort esprit de corps endogame et se marient entre elles, souvent les mariages ont lieu entre cousins paternels, plus rarement entre cousins maternels. 64
        
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