Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
        
 LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE est aisé de reconnaître dans l'universel le critère de la na- ture En effet, les organisations sociales et morales humaines sont très différentes les unes des autres, et changeantes d'un siècle à l'autre — ou d'un instant à l'autre. Mais quelle que soit leur diversité, partout un ensemble de règles ou de lois définissent leur structure : les règles changent mais sont toujours présentes. Au contraire des animaux, on trouve dans les sociétés humaines, à côté des constantes biologiques, une extrême diversité d'organisations : sociétés agricoles ou industriel- les ; peuples de millions d'hommes ou groupes minus- cules ; idéologie communiste ou capitaliste, sociétés endo- games ou exogames, à mariage monogame ou polygame (voire polyandre), sociétés de subsistance ou de surconsom- mation, religions monothéistes, fétichistes, animistes..., mais toutes, toujours, régies par un ensemble de règles pré- cises, édictées par ses membres. Autrement dit, l'universalité est la marque de l'hérédité biologique, la règle est la marque de la tradition. Nous retrouvons là l'idée, déjà exprimée, que ce qui différencie fondamentalement l'homme des autres ani- maux, c'est la « substitution progressive de la mémoire sociale au dispositif biologique de l'instinct » (Leroi- Gourhan) ; et c'est ce qu'exprime aussi Lévi-Strauss, lors- qu'il assimile l'universel à la nature et la règle à la culture. Il est clair en effet, que le passage de l'universel à la règle implique un choix, et c'est cette possibilité de choix qui fait la différence : un animal ne peut, par exemple, choisir la façon dont il va élever ses petits. Son savoir- faire est inscrit en lui, il ne peut rien y changer, ou très peu. 58
        
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