Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LE DÉSIR DE RETOUR femme, car il fallait à tout prix trouver un moyen — fût - il mauvais — pour affaiblir l'influence maternelle. En rabaissant la femme, et par ce biais, en minimisant la puissance maternelle, les hommes pouvaient s'autoriser à dompter la nature, qui est son équivalent symbolique. Mais si le petit d'homme contient en lui de quoi maî- triser un jour la nature, il est à sa naissance, et pour de nombreuses années, entièrement désarmé. Alors que les autres animaux sont autonomes, suivant les espèces, soit dès la naissance, soit quelques jours ou quelques semaines après, les enfants sont totalement dé- pendants de leur mère, totalement en son pouvoir pendant des années. Lorsqu'on sait combien sont décisives les toutes pre- mières années de vie, on comprend que cet état d'absolue dépendance puisse avoir une influence primordiale non seulement sur l'enfance, mais aussi sur toute la vie du sujet ; car l'enfant naît prématuré au point de vue physique et psychique, et cela l'oblige à différencier trop tôt son moi de son ça. Aussi, comme il n'a, pour ainsi dire, aucune possibilité personnelle, c'est le moi de la mère — comme le dit Winnicott — qui vient faire une sorte d'enveloppe à la fois directrice et protectrice autour du moi de l'enfant. L'enfant dépend donc triplement, peut-on dire, de sa mère : 1. Physiquement : il est évident que, privé de son lait, ou privé de ses soins, il ne pourrait survivre. 2. Affectivement : privé de son amour, de sa chaleur, 43

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