Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE chose facile, car l'état d'extrême dépendance de l'enfant, durant ses premières années, s'y oppose. Freud montre bien le rôle capital joué par cette dépen- dance dans l'étiologie des névroses : « Parmi les facteurs qui contribuent à créer les névroses, il y a le facteur bio- logique. Le facteur biologique est l'état de détresse et de dépendance très prolongé du petit d'homme. Par rapport à celle de la plupart des animaux, l'existence intra-utérine de l'homme est relativement abrégée, il est moins achevé qu'eux lorsqu'il est jeté au monde. L'influence du monde extérieur réel s'en trouve renforcée, la différenciation du moi d'avec le ça est acquise précocement, les dangers du monde extérieur prennent une importance plus grande, et la valeur de l'objet qui seul peut protéger contre ces dan- gers et remplacer la vie intra-utérine perdue en est énormé- ment augmentée S . » L'objet qui seul peut protéger contre les dangers du monde extérieur, c'est, évidemment, la mère. De là son extrême importance pour le nourrisson, mais aussi la trop grande prépondérance, plus tard, de l'Imago mater- nelle pour l'adulte — même si cette prépondérance est le plus souvent inconsciente. On peut penser que c'est justement pour contrebalancer celle-ci et libérer l'enfant (et donc l'adulte), que l'interdit de l'inceste a été institué ; l'interdit de l'inceste (que parfois les psychanalystes appellent la Loi, et qu'ils écrivent avec une majuscule parce qu'elle est la seule loi humaine qui soit un impératif absolu, et qui soit partout reconnue) est lui-même la cause première de l'infériorisation de la 5. Freud, Inhibition, Symptôme et Angoisse, P.U.F., p. 82. 42

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