Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

CONCLUSION terrifiante vision de la « Mom » qu'elle n'aurait pas manqué de devenir (Whittier est un poète américain), la seule solution reste la mort ; et en effet, le poème se termine ainsi : « Chère petite fille ! Voilà quarante ans Que l'herbe pousse sur sa tombe ! » Bien des femmes pensent de même, et le mythe de Nouvelle-Guinée qui rapporte qu'autrefois la Femme remit à l'Homme les symboles de la puissance pour compenser son infériorité devant elle, est ainsi commenté par les femmes indigènes : « Ils auraient mieux fait de la tuer que de la déposséder ainsi'. » Et en effet, comment concilier cette image de la petite fille (qui préférerait son propre échec à l'humiliation de son petit compagnon — image qui contient au moins une part de vérité), puis l'image qu'offrent les petites jeunes filles à marier, c'est-à-dire celles qui renoncent à leurs études, qui renoncent à la réussite, qui se confinent dans le ménage et la vaisselle, avec l'image de la Mère triom- phante ? Autrement dit, que s'est-il passé entre la rougissante, la timide, la faible demoiselle de vingt ans, et l'arrogante, la Terrible, la toute-puissante Mère de cinquante ans ? Deux réponses sont possibles : la première est que, jusqu'à la trentaine, la femme n'était qu'hypocrisie (consciente ou non) ; dans cette hypothèse, la femme a renoncé à épanouir sa propre personnalité, parce que sa véritable vocation, son véritable désir est de dominer le mâle. Pour arriver à cela, une seule possibilité : se montrer douce, faible, sans défense pour exciter l'amour et le désir 3. M. Mead, L'Un et l'autre sexe, p. 286. 333

RkJQdWJsaXNoZXIy MTc5ODk=