Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE semblent avoir quelque peu violé le tabou de l'inceste et sont donc, naturellement, restés infantiles. Mais l'auteur continue : « Ses caprices sont tout au plus des soubresauts ménopausiques : accès de colère, rage, in- fantilisme, larmes, crises de sentimentalité, appétit capri- cieux, sans parler de l'attirail de ses manies et soi-disant maux... les travaux au crochet, les superstitions, les vomis- sements matinaux, les faiblesses, les vapeurs, l'aérophagie, les plaintes, les complaisances, les cris, les simulations, les déceptions, les hallucinations... et, derrière toute cette montagne de pitoyable faiblesse, que trouve-t-on ? La " chère maman ", sorte de Baal aux seins d'airain, ou l'autre " chère maman ", doux martyr aigri, dont l'urine est capable de mordre le verre * comme l'acide mord la plaque de cuivre du graveur ". » Cette description est celle, un peu « poussée », de bien des mères abusives, qu'elles soient américaines ou d'autres pays. Et, pour Wylie, il est évident que la Mère est seule responsable de tout ce qui peut arriver ; lorsqu'il lui fait dire, par exemple : « Regarde ton père et regarde- moi ! Regarde-le avec ses cheveux grisonnants, son ulcère et son hypertension, sa fatigue du soir, son irritabilité et sa nervosité ; regarde-moi et pose-toi la question : sur lequel de nous deux peux-tu sérieusement compter ? Qui te donne argent de poche et cadeaux ? Qui te protège de tes propres folies ? Qui t'a toujours protégé et te protégera tou- jours ? » nous la trouvons odieuse ; tellement odieuse, que nous en oublions de voir que, si elle a pris toute la * Cela rappelle le bitume, que seul peut rompre un fil trempé dans le sang féminin (cf. p. 315). 18. Philip Wylie, op. cit., p. 199. 330

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