Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE Pour reprendre la métaphore du lierre, c'est bien rare- ment que l'on imagine un lierre masculin aimant jusqu'à l'étouffer un robuste chêne féminin ; et pourtant, ce sont généralement les femmes qui sont vécues comme étouf- fantes et dévorantes. La Valérie de La Proie, Shambleau, étaient des femmes, et on retrouve chez un écrivain comme G. B. Shaw par exemple, la même vision du couple. Dans Man and Superman, il écrit : « On raconte que la femme attend que l'homme la provoque, qu'elle se tient passivement en attente ! En attente ! Comme l'araignée qui guette sa proie... Les hommes ont fabriqué d'aimables conventions romantiques pour se persuader que l'initiative doit venir d'eux... Il n'est que de considérer les pièces de Shakespeare, et l'on verra que ce sont toujours les femmes qui prennent l'initiative... Qu'on lise attentivement et l'on verra que la chasseresse, c'est la femme, et la proie l'homme. » Il existe certes des femmes possessives et autoritaires qui estiment que leur compagnon est leur chose et qui font de lui leur proie. Pourtant ce que l'on constate le plus souvent, et le seul modèle socialement admis est celui où, dans le couple, c'est la femme qui est dominée * et où c'est elle qui perd son identité **. Si les femmes étaient naturellemnt dominatrices, il s'en * Modèle dont le non-respect entraîne, au minimum, la moque- rie : on sait comment sont considérés les couples où c'est ma- dame qui porte la culotte. ** Par exemple, c'est la femme qui prend le nom du mari dans nos sociétés, dans d'autres elles ne peut avoir de biens propres, ailleurs elle est une éternelle mineure, etc. 328

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