Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
CONCLUSION ma mère. Que tout homme, après s'être baigné dans ces ondes, n'ait, quand il en sortira, que la moitié de son sexe : puissent-elles, en le touchant, détruire soudain sa vigueur ! » Les auteurs de ses jours furent sensibles à ce voeu : ils l'exaucèrent pour consoler leur fils de sa disgrâce et répandirent sur ces eaux une essence inconnue On voit donc que, lorsque le bel adolescent plonge au sein de l'eau (qui est un symbole maternel) pour s'unir à elle — fût-ce contre son gré — il perd toute vigueur, toute vitalité, et ne peut plus s'opposer au souhait de la nymphe du lac, qui a exigé que « jamais rien ne puisse le séparer de moi, ni me séparer de lui ». Parmi ceux qui refusent que l'amour/fusion soit le modèle de l'amour vrai, nous trouvons aussi, à côté des écrivains et des poètes, la foule de ceux qui inventent et répètent les proverbes. Ainsi, Plaute dit dans Trinummus : « Il est plus dan- gereux de tomber en amour que du haut d'une falaise » ; Ovide : « Il y a autant de douleurs dans l'amour que de coquillages sur la rive » ; Cervantès : L'amour est un en- nemi que l'on ne peut vaincre corps à corps, mais par la fuite » ; François Villon : « Folles amours font les gens bêtes » et « Pour un plaisir, mille douleurs' ». Tandis que le proverbe arabe proclame : « L'amour est une douceur dont le jus est savoureux et la pâte amère » ; le proverbe kurde : « La femme est une forteresse, l'homme est son prisonnier » ; le nigritien (peul) : « La femme est une eau fraîche qui tue, une eau profonde qui noie » 6. Métamorphoses, livre IV. 7. Plaute, Trinummus, 238 ; Ovide, L'Art d'aimer, II, 519 ; Cervantès, Don Quichotte, I, =Cr/ ; Villon, Double Ballade, 5 ; et Ballade de la belle Heaumière (fin). 325
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