Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE livide... avait un air inoffensif et stupéfait ". » A l'évi- dence, la vie, pour Slim, est dépourvue de sens et ne peut être symbolisée : il n'a rien compris, ni à sa vie, ni à sa mort. On voit donc que, dans la littérature populaire actuelle (comme ailleurs), l'entité féminine se présente comme cli- vée ; dans San Antonio, elle se montre sous trois aspects : la femme réelle est sans intérêt ; c'est une femme-objet, une femme-sexe, non pas un sexe majestueux, triomphant, mais simplement utilitaire. Ce qui est grand, ce qui est envahissant même, c'est la Phantasmère, elle-même projetée sur deux personnes, dont l'une est le support de toutes les vertus de la mère/ Vierge (Félicie), et l'autre le support de tous les vices de la mère/Putain (Berthe Berrurier). S.A.S., en revanche, ne va pas jusqu'à diviser en trois l'image de la Phantasmère/femme, pour la rendre plus supportable. Contrairement aux femmes de San A., celles que crée Gérard de Villiers existent : elles sont belles et intelligentes, mais aussi puissantes et dangereuses. Il y a certes çà et là quelques femmes-sexe dans ses romans, mais on a l'impression que c'est plutôt pour sacrifier à la mode que par nécessité interne ; ce sont d'ailleurs toujours des comparses. Pour Malko, la Phantasmère s'incarne presque totale- ment dans les figures féminines inquiétantes, et la seule fonction dont elles ne soient pas chargées — mais elle est de taille — est celle de refuge, de lieu de repos et de sécurité. Pour S.A.S., femme égale danger, aussi n'est-ce 27. Pas d'Orchidées pour miss Blandish, p. 240. 318

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