Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
        
 LA FEMME DANS LE ROMAN POLICIER gie est d'ailleurs portée à l'extrême, et on retrouve dans ce roman policier les sentiments qui poussent certains peu- ples à enterrer leurs morts dans la position du foetus ; Malko « n'avait plus de famille vivante. Mais il ne se sentait jamais seul. Il lui suffisait de penser à son caveau de famille, où dormait une bonne rangée de Linge, pour être réchauffé " ». Pas d'Orchidées pour Miss Blandish, de James Had- ley Chase a été traduit et diffusé dans le monde entier ; c'est une réplique à la fois sordide et dérisoire du Conte des Trois Frères. Mais, autant ce dernier est constructif et optimiste, autant le roman de J. H. Chase est sombre et destructeur. Le conte a pour but de préparer le passage de l'enfance à l'âge adulte : il enseigne qu'il faut, pour cela, tuer la Mère ; car ce n'est qu'après que le héros peut aller vers une femme et accomplir sa destinée d'homme. Rien de tel dans le roman noir : son pitoyable héros, Slim, est à la fois débile et à moitié fou ; c'est dire qu'il est totalement englué dans la Mère. Comme tel, il n'a pas de sexe symbolisable, et sa sexualité ne peut s'exprimer que dans la violence : « Le couteau fendit l'air, et se planta dans sa gorge. Slim, penché au-dessus de lui, le regarda mourir ; l'étrange jouissance que lui procurait le meurtre le pénétrait une fois de plus ". » Même lorsqu'il rencontre une femme — Miss Blandish — qui éveille son désir, ce n'est pas à une véritable femme qu'il a affaire, mais à une sorte de mannequin, de morte-vivante : « Depuis trois 19. Opération Apocalypse, p. 118. 20. Pas d'Orchidées pour miss Blandish, p. 53. 315
        
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