Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LA FEMME DANS LE ROMAN POLICIER Ou encore : « La voix était toujours aussi veloutée, un peu rauque et si bien posée. On n'aurait jamais dit que Samantha était plus dangereuse qu'une portée de cro- tales ". » Car ce sont des tueuses : « Laissez-les-moi, pro- posa Samantha calmement. Malko secoua la tête : elle était parfaitement capable de les liquider dans un coin du parc et de revenir boire le champagne ensuite " » ou « les seins fermes se pressaient contre lui, les hanches pleines étaient collées à son ventre, mais la comtesse Adler essayait de le tuer de toutes ses forces 14 » C'est donc bien à l'image de la femme terrifiante que nous avons affaire, à celle qui, dans une volonté déme- surée de puissance, n'hésite pas à utiliser sa beauté pour asservir ceux qui lui plaisent, et de sa force pour détruire ceux qui lui résistent. Aussi ne sommes-nous pas très étonnés de trouver, dans notre actuelle littérature populaire, une résurgence de la « vagina dentata ». Dans un des épisodes du Bal de la comtesse Adler, Yasmine, une belle espionne, doit à tout prix empêcher Boris de gagner la partie ; mais celui-ci est un fin renard, un espion de grande classe, qui ne se laisse jamais surprendre ; alors elle emploie l'arme fémi- nine par excellence, renouvelant les mythes anciens : « Pendant une fraction de seconde, Boris éprouva un plaisir fabuleux, puis une douleur brûlante, comme si son sexe était percé d'un million de piqûres d'épingles, lui arra- cha un gémissement... il crut avoir rêvé et continua, mais de nouveau, fut stoppé par la douleur. Il avait l'impression 12. Le Bal de la comtesse Adler, p. 23. 13 et 14. Ibidem, pp. 86 et 122. 313

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